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Fragmentarium
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29 avril 2008

Merci, petit papa

Ne sachant plus trop bien, sans genre, si je dois venir ici ou là, tant pis. Mon petit papa. Parler comme a convenu bien avant que je ne connusse Beckett, seul à pouvoir dire sans la moindre importance, seulement pour dire le choc quand je découvris, encore que la première fois fut d’un ennui somptueux, pour dire le livre que je finis par considérer parmi le faîte: Le dépeupleur (comme de juste à Minuit). Mais mon vrai petit papa, pas du tout Beckett il va de soi, mon vrai petit papa de la terre, carcasse génétique, enveloppe soi-disant de sac séparé, l’histoire de tomber une fois de sa langue quand déjà tombé du corps (de ma petite maman). Contribution sans aucun savoir à qui voudrait penser (chacun sa peine). La langue de mon petit papa fut italienne, bien avant que je fusse plus ou moins né. Le petit papa doit potasser la française, vieux grimoire de phonétique illustrée, pendant que je potasse de quoi sortir de ma petite maman, à peu près. Miracle auquel personne ne redira, petit papa ne parlera plus que la langue de petite maman, francophone pas de France, lorsqu’il devient temps, pour moi, de devenir petit. Mon petit papa est devenu très gentil. Quand fils demande poisson lui donnera-t-on caillou, quelque chose dans l’esprit, pensant que petit papa pourrait me prêter son ordinateur le temps que passent les examens des étudiants qui me demandent quoi vite lire et comment traverser ma haie trouée, sans savoir que petit papa bricole son ordinateur sans doute aussi curieusement que bricole son con de fils (encore que plus proprement, par hypothèse), petit papa me dit J’arrive, à la retraite depuis que l’État se disant (car l’État se parle, tout comme moi), le voilà chez moi qui arrive avec un nouvel ordinateur, vide comme un bœuf. Me demande si je connais quelqu’un qui pourrait greffer le vide au moyen de viscères, lequel appelle Christian lequel me donne le numéro de téléphone de Matthieu, lequel me donne rendez-vous demain matin à dix heures, dans son bureau. Je laisse l’autre bête dans la chambre, fébrile encore mais encore bien trop nerveux (pour tenir entre mes os, grosso modo). Petit papa est un petit amour, dont témoignage. Je le vois vieilli, conduisant trafiquant, petit cigarillo (ayant arrêté de fumer), content et sans doute attendri de pouvoir aider son con de fils, lequel du reste ne l’a jamais pris pour un con de père (contrairement à une légende indéracinable qui se raconte dans la tête de petit papa). Je peux allumer la nouvelle machine, vide des viscères qui permettraient de traiter la marchandise, mais capable, déjà, de projeter l’ossuaire. Remettre où ajuster, les italiques à défaut de l’italienne, si je veux des images, le petit peuple froid de mes obsessions microscopiques, comme jamais pu. On ne saurait plus dérisoire mais sachant bien combien il est grotesque, foi de Swann, de mépriser ce qui de soi-même, après que la tempête crânienne, microcosme à effondrement constant, philentropique pour rougeoyer l’écran d’un monstre, fenêtre encore à nouveau éclairée, comme sous le coup d’une menace de rebut, obscure pour la menace et imminent, pour le rebut. Merci petit papa (en version d’extérieur, Merci papa), le reste ne se disant qu’ici, heureusement. Et voilà que Julien me téléphone, et voilà que je réponds, — diantre, que demande le petit peuple? — Un scaphandrier, pour sortir de moi.

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Commentaires
T
Pas vraiment une "réponse", mais en pensant à vous, la note intitulée "'Ce n'est pas ma faute', pour Gaotian".<br /> <br /> Courage, fuyez!<br /> <br /> Bien à vous,
T
Ah non, à moi de vous remercier, et encore une fois.<br /> <br /> Je me dis que je suis là trop fatigué pour vous répondre à nouveau (mais ne vous sentez pas obligé de me répondre à nouveau vous répondant à nouveau, naturellement).<br /> <br /> Koltès est tout simplement un très grand auteur. Les deux inédits parus dernièrement chez Minuit ne sont pas encore arrivés à Lausanne, ce doit être la cause de ma présente petite maladie!<br /> <br /> Quant à Volodine, ses livres me sont très chers, très chers. Je n'ai pas encore lu Songes de Mevlido, parce que je m'en réjouis beaucoup (la logique même, si). Me réjouis de ces livres annoncés, post-exotique continué?<br /> <br /> Dites, vous n'êtes pas du tout maladroit! Vous risquez seulement de le devenir en souhaitant l'être moins, s'il est vrai que moins que pas finirait par devenir délicat? (Soyons chinois.)<br /> <br /> Non, je me disais surtout que j'étais trop fatigué pour vous "dire" sincèrement quelque chose de l'individu (et du coup, indirectement, de la Chine).<br /> <br /> (Le style touche le chaos; l'essence et l'identité plus difficiles, me faudrait préciser,...)<br /> <br /> Vous dirai un peu demain si, quoi qu'il en soit de l'individu, il est "bon" de le coucher, parfois.<br /> <br /> Justement l'individu quand il dort!<br /> <br /> L'individuation apollinienne, dionysies dormantes, j'entre en Matière!
G
Merci pour le soin que vous avez pris en me répondant, je ne pourrai malheureusement vous le retourner car je suis encore très maladroit.<br /> Pour la singularité, on pourrait plutôt parler d'expression juste de la singularité d'un individu, composant parmi d'autre d'une diversité dont la richesse est infinie. "La voix frêle d'un individu" a dit un jour Gao Xingjian. Ca va au-delà du syle, ça touche l'essence, le chaos, l'identité (de bien grands mots, sonnez trompettes: les substantifs darth vadorés arrivent), non?<br /> Pour les contemporains: ne nous posons-nous pas tous cette question??? N'est-ce pas l'une des GRANDES questions, auxquelles on répond toujours après coup. En tout cas, merci (une nouvelle fois)pour les noms que vous citez, j'espère découvrir de beaux textes, néanmoins je tenais à dire que nous avions Koltès, ce "petit" auteur messin dont rien là-bas ne porte le nom, en admiration commune.<br /> Je rajouterai volontiers Bassmann/ Volodine dont deux très beaux livres sortent prochainement.<br /> Et un point de réflexion: avec l'évolution des médias et des formes de communications en général, le texte a envahi de nouveaux espaces, continue à en envahir de nouveaux; peut-être que la littérature d'aujourd'hui ne s'écrit pas (seulement?) là où on pense/ croit qu'elle s'écrit. Peut-être aussi s'y écrit-elle différement?<br /> Je suis désolé de vous avoir fait subir cette pigeoneuse envolée théorique, j'espère que vous en tirerez quelque chose de potable, et je vous souhaite tout le bien qu'on peut souhaiter. <br /> A bientôt
T
Une voix qui n'a pas la prétention de répondre mais qui m'annonce un point de vue pratique ne peut que m'être chère, pour commencer.<br /> <br /> En terre inconnue, je ne fais que spéculer un peu, pratique, si vous voulez, comme l'aveugle qui se heurte, demande au toucher, à un sentiment de l'Espace dont nous ne connaissons presque rien, encore que parfois (ce que vous disiez de ce "Stabile" m'a beaucoup intéressé).<br /> <br /> Je m'amuse un peu, mais je vous prie sans aucune sorte de méchanceté! "Ce qui permet une lecture", dites-vous. Que vous me comptiez (à ma manière sans qualité) dans ces champs de lecture possible, me rassure un peu. Vous me dites que je suis lisible, en somme? C'est déjà beaucoup.<br /> <br /> Vos précisions pour exclure l'extériorité, l'avant-garde ou la posture oppositive me conviennent tout à fait. Le mieux pour y voir clair serait de ne pas parler du tout de mon petit cas. Ah voilà, on respire! Donc!<br /> <br /> Vous avez vu que j'aimais Beckett. Prenons son très grand cas. A souffert comme une pomme d'être tenu pour, Nouveau Roman ou Absurde ou Je ne sais quoi ("Est-ce que j'ai une tête d'agrégé", demandait Murphy). A qui demande quoi, ma réponse préférée, dans Pierrot le Fou: Ploum ploum tralala.<br /> <br /> Moins sérieusement, quand Héraclite, Augustin, Dante, Descartes, Proust, Joyce, Céline, on repousse les limites de l'expression, on y entre, on y rentre, on y coule, on y nage, on s'y noie, on s'invente formes, rythmes, difficultés qui demain seront, à l'instant étaient,...<br /> <br /> Cela dit, vous avez raison. Beckett à mon avis a dans son dos Joyce et Proust, il le sait, y pense, avant de trouver son Espace, son trou, sa lumière, ses voix (le faux singulier de la voix, en tout cas dès L'innommable, en route dès Molloy). Pas dans Murphy je crois, justement?<br /> <br /> Il y aurait quand même "époque", forêt de voix, enchevêtrement de conduites, "contemporain"?<br /> <br /> Alors honnêtement je bute à ce stade sur deux obstacles: je ne sais pas mon "contemporain", je vois mal, n'y comprends presque rien. Ma question était donc sincère, quelques lueurs pour m'aider à me repérer? Quelles seraient les voix contemporaines, pour nous dire où nous sommes? Je peux songer à Mauvignier, Chevillard, Anne Godard que j'ai aimée, Koltès contemporain? Il y a foule et foule anonyme, sans doute! et parmi la foule anonyme les voix perdues des fenêtres qui s'ouvrent, se ferment, ces phrases que certains d'entre vous envoient dans le silence, lues parfois si sincèrement?<br /> <br /> Quant à ma "singularité",... On a tous, peut-être, implicite, une "mythologie" de ce que peut l'écriture? Honnêtement je ne sais pas si j'écris, passons. Mais de l'écriture ailleurs, oui, je dirais volontiers qu'elle désire la singularité la plus obscure, la plus lumineuse, éblouissante ou désespérée. Un caillou a du style, vous avez remarqué? Sans parler d'un arbre, personnalité plus évidente, et attestée.<br /> <br /> Phénomène naturel, l'écriture, me dis-je parfois. Expression "comme on peut" d'un animal assez curieux, plus ou moins très compliqué...<br /> <br /> Mais votre question me pousse à me demander...<br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> (Mallarmé nous aiderait, autant que Beckett: il savait mieux que quiconque Baudelaire et surtout Victor Hugo, et l'interrègne, mais passons!)
G
Pour la question sur le contemporain, je n'ai pas la prétention de répondre à la question, par contre d'un point de vue pratique, il me semble que le contemporain c'est l'ensemble de ces nouveaux champs de textes ou plutôt d'écriture(s) (dans le sens ce qui permet une lecture) qu'on travaille. Ces champs ne sont pas forcément à l'extérieur,plus loin (avant-gardes) ni d'une différence qui oppose (modernisme). Et vous qu'en pensez-vous, je lis votre texte et il me parait évident que vous cherchez, à votre manière, à repousser les limites de l'expression pour communiquer "votre" propre singularité (donc forcément un peu celle de votre temps) non?
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