Merci, petit papa
Ne sachant plus trop bien, sans genre, si je dois venir ici ou là, tant pis. Mon petit papa. Parler comme a convenu bien avant que je ne connusse Beckett, seul à pouvoir dire sans la moindre importance, seulement pour dire le choc quand je découvris, encore que la première fois fut d’un ennui somptueux, pour dire le livre que je finis par considérer parmi le faîte: Le dépeupleur (comme de juste à Minuit). Mais mon vrai petit papa, pas du tout Beckett il va de soi, mon vrai petit papa de la terre, carcasse génétique, enveloppe soi-disant de sac séparé, l’histoire de tomber une fois de sa langue quand déjà tombé du corps (de ma petite maman). Contribution sans aucun savoir à qui voudrait penser (chacun sa peine). La langue de mon petit papa fut italienne, bien avant que je fusse plus ou moins né. Le petit papa doit potasser la française, vieux grimoire de phonétique illustrée, pendant que je potasse de quoi sortir de ma petite maman, à peu près. Miracle auquel personne ne redira, petit papa ne parlera plus que la langue de petite maman, francophone pas de France, lorsqu’il devient temps, pour moi, de devenir petit. Mon petit papa est devenu très gentil. Quand fils demande poisson lui donnera-t-on caillou, quelque chose dans l’esprit, pensant que petit papa pourrait me prêter son ordinateur le temps que passent les examens des étudiants qui me demandent quoi vite lire et comment traverser ma haie trouée, sans savoir que petit papa bricole son ordinateur sans doute aussi curieusement que bricole son con de fils (encore que plus proprement, par hypothèse), petit papa me dit J’arrive, à la retraite depuis que l’État se disant (car l’État se parle, tout comme moi), le voilà chez moi qui arrive avec un nouvel ordinateur, vide comme un bœuf. Me demande si je connais quelqu’un qui pourrait greffer le vide au moyen de viscères, lequel appelle Christian lequel me donne le numéro de téléphone de Matthieu, lequel me donne rendez-vous demain matin à dix heures, dans son bureau. Je laisse l’autre bête dans la chambre, fébrile encore mais encore bien trop nerveux (pour tenir entre mes os, grosso modo). Petit papa est un petit amour, dont témoignage. Je le vois vieilli, conduisant trafiquant, petit cigarillo (ayant arrêté de fumer), content et sans doute attendri de pouvoir aider son con de fils, lequel du reste ne l’a jamais pris pour un con de père (contrairement à une légende indéracinable qui se raconte dans la tête de petit papa). Je peux allumer la nouvelle machine, vide des viscères qui permettraient de traiter la marchandise, mais capable, déjà, de projeter l’ossuaire. Remettre où ajuster, les italiques à défaut de l’italienne, si je veux des images, le petit peuple froid de mes obsessions microscopiques, comme jamais pu. On ne saurait plus dérisoire mais sachant bien combien il est grotesque, foi de Swann, de mépriser ce qui de soi-même, après que la tempête crânienne, microcosme à effondrement constant, philentropique pour rougeoyer l’écran d’un monstre, fenêtre encore à nouveau éclairée, comme sous le coup d’une menace de rebut, obscure pour la menace et imminent, pour le rebut. Merci petit papa (en version d’extérieur, Merci papa), le reste ne se disant qu’ici, heureusement. Et voilà que Julien me téléphone, et voilà que je réponds, — diantre, que demande le petit peuple? — Un scaphandrier, pour sortir de moi.